Point net
Deux douleurs dans l'attente
Leurs chances de s'en sortir sont déjà réduites quand ils sont bien soignés et que tous les moyens thérapeutiques, logistiques et professionnels sont disponibles pour leur prise en charge. Il est inutile de rappeler que c'est loin d'être le cas pour les cancéreux algériens.
Les cancéreux algériens partent donc avec un premier handicap en ne pouvant accéder à ce qui se fait de mieux en la matière grâce aux progrès médicaux qui, s'ils ne sont pas parvenus à trouver des remèdes et des solutions préventives définitives à la maladie, ont quand même accompli des avancées notables en prolongeant les espérances de vie de certains malades ou en guérissant carrément d'autres.
Mais les malades et leurs familles ont appris à faire avec ce qu'il y a à portée de la main. Il y a bien eu quelques miracles que personne n'attendait, en raison bien évidemment de la nature de la maladie, véritable fléau mondial, du niveau de prise en charge pas vraiment brillant dans nos hôpitaux et surtout du fait que malades et proches, une fois le terrible diagnostic établi, se résignent très vite à attendre la fin avec le plus de douceur possible.
Et quand le minimum arrive à manquer, il devient difficile d'imaginer l'enfer des malades et des leurs. C'est pourtant le cas actuellement où un cancéreux doit attendre près d'un… semestre pour une séance de radiothérapie et les médicaments qui manquent terriblement. «28 000 malades sont en attente de radiothérapie et on risque d'en perdre beaucoup si les choses continuent à ce rythme», s'impatiente à juste titre la présidente d'une association d'aide aux cancéreux.
Des sept centres spécialisés prévus pour l'année 2010 à l'intérieur du pays, aucun n'a encore vu le jour. Les centres attendent d'ouvrir pendant que les malades attendent de mourir. Parfois dans d'atroces douleurs. D'une autre nature, la douleur des marins retenus en otages par des pirates somaliens et de leurs familles n'a que l'espoir pour être atténuée.
Un espoir assez vague pourtant en raison du fait qu'il y ait très peu d'indices pour lui donner quelque consistance. Et la patience désormais à son paroxysme d'avoir été un peu trop sollicité par l'affréteur somalien revenu encore avant-hier par un fax où il dit que «la principale préoccupation de sa compagnie était de libérer les otages», comme s'il était question d'attendre autre chose que cela.
Le cynisme ne s'arrête pas là, puisque la sœur de l'un des marins algériens rappelle, au quatrième rassemblement des familles à la place Emir Abdelkader, qu'en juillet dernier, l'affréteur lui avait annoncé que le dossier était réglé… à 95% (!) et que la libération des otages allait intervenir avant le ramadhan. Les marins sont toujours aux mains des pirates et les cancéreux souffrent ou meurent. Seul le niveau et la nature de la douleur sont différents.
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